J'ai eu le plaisir d'aller donner une classe de maître sur C++ 11 à Shangai, pour UbiShangai, à l'été 2018. Voici un journal de voyage sommaire si jamais vous voulez en connaître quelques échos.
C'est difficile de mettre des dates sur ce genre de journée : je suis parti de Montréal le 9 juin en après-midi, et je suis arrivé à Shangai le 10 juin en après-midi après un voyage sans escales de douze heures (en fait, plus treize heures et des poussières, car on a volé à environ 900 Km/h). Ça fait réaliser : en avion, un tour du monde prend environ 24 heures, à environ 1000 Km/h, car je me suis littéralement déplacé de douze fuseaux horaires en à peu près douze heures.
Truc charmant : la route Montréal / Shangai passe par le Nord : on monte jusqu'au Nunavik, on passe par l'Arctique, on survole la Russie... C'est joli, le grand Nord, vu d'en haut.
J'ai écouté trois épisodes de CppCast durant ce trajet, avant de passer à de la musique : un épisode avec Jason Rice, qui écrit du C++ pour exécution dans un fureteur; un épisode extrêmement intéressant avec Kevlin Henney, qui réfléchit sur les schémas de conception et leur évolution; et un autre épisode avec Kate Gregory, une amie et une grande dame, qui réfléchit sur la simplicité dans la programmation.
Le voyage comprenait deux repas (rien de trop lourd, heureusement) et une collation. Le premier repas offrait deux options, soit poulet ou porc (avec une touche aigre douce), et était servi relativement tôt dans le voyage (on était encore au-dessus du Québec). C'était bien.
Lors des premières deux ou trois heures, je n'ai pas réussi à avoir de courant. Il y avait une prise de courant « multi-options » et j'essayais toutes sortes de combinaisons d'adaptateurs, sans succès. Éventuellement, j'ai demandé de l'aide à une hôtesse de l'air (car j'avais beaucoup de travail à faire), et elle m'a demandé si j'avais testé avec... mon connecteur canadien, tout simplement. Ça a fonctionné, évidemment (quand on cherche trop...), alors j'ai pu travailler pour l'essentiel du voyage (c'était pas assez confortable pour dormir de toute manière).
J'ai donc pu corriger le dernier chapitre de l'essai d'un de mes étudiants (j'en ai plusieurs); c'était du bon travail. J'ai hâte de pouvoir donner plus de temps aux autres aussi. J'ai pris le reste de mon temps pour traduire des diapositives électroniques car la formation que je donne cette semaine est une formation que j'ai donné plusieurs fois déjà, mais pour laquelle le matériel est en français. J'en ai beaucoup (plus de 400) mais j'ai mis plusieurs heures là-dessus durant le voyage (et avant) alors ça devrait aller.
Un goûter pré-dodo (car la plupart des gens ont dormi une bonne partie du trajet) nous est servi au-dessus du Pôle Nord : un sandwich sur pain multigrains (c'était bon mais simple), des biscuits goglu et du café (pour moi, du moins). Comme c'est souvent le cas dans les avions, pour éviter les incidents et les blessures, le café est chaud mais pas bouillant.
Le voyage est long et on finit par avoir mal aux jambes. Je suis un peu content à chaque fois que ma voisine de siège (une maman chinoise qui travaille aux États-Unis dans le domaine médical et qui va en vacances avec son garçon de onze ans pour voir sa famille) se lève pour aller aux toilettes, même si je suis un peu mêlé dans mes câbles d'ordinateur / de chargeur de téléphone / de iPod. Ça fait du bien au dos et aux jambes. Ma voisine et moi bavardons d'ailleurs un peu en fin de voyage et j'en profite pour essayer d'apprendre à prononcer correctement bonjour et merci, question de montrer un peu de politesse et de respect à mes hôtes.
En arrivant à Shangai, il faut remplir une déclaration écrite (un peu comme quand on arrivait au Canada il y a pas si longtemps), puis il faut faire prendre ses empreintes digitales. Cette prise se fait deux fois (contre-vérification devant le douanier, qui fait aussi un scan biométrique avec notre visage). Tout se passe bien, cela dit. Il fait très chaud à Shangai et la climatisation de l'aéroport ne compense pas (le fait qu'on a tous fait un long voyage et qu'on ne sent pas très bon ne doit pas aider). Je récupère mes bagages et je sors.
Première particularité : des tas (des centaines!) de gens attendent les arrivants avec des pancartes indiquant des noms d'individus (c'est mon cas) ou d'hôtels. C'est comme un encan au taxi, et il y a vraiment beaucoup de gens qui travaillent fort (mais poliment) pour nous offrir leurs services. Zhang Wei, qui m'accueille pour UbiShangai, me guide à travers tout cela, refusant les offres poliment, et nous prenons un taxi vers l'hôtel (et vers UbiShangai, qui est juste à côté). Je viens pour m'asseoir à l'arrière mais elle me fait signe d'aller à l'avant; un plexiglass protecteur est placé entre le passager et le conducteur, et on roule à fenêtres baissées (la limite de vitesse est à 80 Km/h).
C'est gros, Shangai. On parle de 30 millions de personnes environ, étalées sur une immense surface; l'architecture là où je passe ne fait pas particulièrement moderne (contrairement au chemin de Charles-de-Gaulle à Paris, par exemple, où on se croît parfois projeté dans le futur); je ne sais pas si c'est l'héritage communiste, mais il y a beaucoup de séries de – grands – bâtiments qui se ressemblent.
Tronc d'arbre parasol (remarquez la couleur)
Il y a aussi de la végétation très intéressante : les arbres qui bordent le chemin devant l'hôtel (ils ont le mot « parasol » dans leur nom) sont recouverts d'une couche blanchâtre qui évoque de la peinture, c'est très particulier.
Fait gris aujourd'hui, un gris un peu jaunâtre avec apparence de pluie, et il fait environ 30 °C. Comme je le fais souvent quand j'arrive quelque part, j'essaie de comprendre les trucs qui sont nouveaux pour moi :
Le symbole Hu qui ressemble à un 'P' fleuri
On passe dans un pont-tunnel (assez long) sous la rivière et on arrive peu de temps après à môn hôtel. Il y a peu de gens dans les rues, ça me surprend (je m'attendais à voir des tas de gens); encore une fois, on est la fin de semaine, alors on verra bien pour les prochains jours. C'est joli et tranquille. Zhang Wei m'accompagne (heureusement!) pour le check-in, où on me demande un prélèvement de 3000 unités de monnaie (je n'ai pas bien saisi le nom, et je ne connais pas le taux de change). Quand on m'explique combien ça représente en dollars canadiens (un bon montant pour moi), je les informe qu'on peut essayer mais que ça ne passera probablement pas. En effet, ça en passe pas. S'ensuit des discussions entre Zhang Wei et la dame à l'accueil, avec des mots pour lesquels je n'ai pas encore les clés de la compréhension. On essaie de prendre un prélèvement pour une seule nuit (150 CAD), et ça ne passe pas non plus (c'est suspect; pour ça, je sais que j'en ai assez, ayant mis de l'argent sur ma carte de crédit le matin-même). Compliqué...
On finit par me donner une chambre (très correcte) et on me dit que la carte d'accès à la chambre devra être remise demain matin le temps qu'on démêle l'imbroglio. Je vais, si j'ai bien compris, pouvoir laisser mes choses dans la chambre et la récupérer avec une nouvelle carte d'accès. Bon.
Je prends ensuite une courte marche avec Zhang Wei pour repérer UbiShangai (c'est tout près) et aller tester la salle de classe. C'est une salle sans ordinateurs (une « classe sèche » comme on les appelle maintenant), ce qui va jouer sur ma pédagogie. Je teste les prises de courants avec mes morceaux d'adaptateurs modulaires, et joie! J'ai une combinaison d'adaptateurs qui fonctionne! La connexion HDMI (pour projeter mon écran sur le mur) fonctionne apparemment aussi, alors on devrait être Ok pour demain.
Je note au passage que les locaux d'Ubisoft ont une signature (j'ai visité ceux de Montréal et de Québec à quelques reprises). C'est joli, évidemment. Ils font pousser quelque chose à l'entrée. Je vais investiguer ce que c'est demain, je suis curieux, mais on dirait un petit jardin intérieur.
On est arrivés, c'est au 3e étage
Le logo, qu'on ne voit pas à l'extérieur mais qui est clairement visible quand on arrive à l'étage
Le jardin en question (j'ai su quelques jours plus tard qu'ils font pousser des légumes bio)
De retour à l'hôtel, j'investigue ce qui se passe avec ma carte de crédit, et il se trouve que je j'y parviens pas car le site de mon institution financière est un pleine mise à jour (quel sens du timing!). J'ai éventuellement réussi à transférer un peu de sous à ma carte de crédit, mais je suspecte que le problème soit ailleurs car le 150 CAD aurait dû être couvert. Je constate aussi que, bien que j'aie le Wi-Fi à la chambre, on ne peut pas accéder à Google, Twitter, Facebook, Instagram, YouTube... Hum. Le site de Microsoft, Channel 9 fonctionne (je regarde https://channel9.msdn.com/events/Build/2018/BRK2146?term=herb%20sutter en travaillant), Radio-canada aussi (mais sans les reportages vidéo). J'ai un problème avec iTunes que j'aurais aimé régler, mais sans Google ça risque d'être compliqué. Je vais aller voir, demain, ce que les gens d'ici font pour se démerder.
J'ai profité de la douche (ma belle Za aurait aimé, c'est grand) et je suis tombé d'épuisement vers 19 h 15 heure locale.
Le décalage horaire est violent. À une heure du matin, je suis au travail; je comptais faire une petite sieste avant le cours du matin, mais finalement j'avais trop de travail devant moi et je me suis limité à prendre une douche. J'ai un bon mal de tête, faute de sommeil; j'espère pouvoir m'ajuster rapidement à ce changement d'horaire.
J'ai découvert d'autres sites qui ne fonctionnent pas de la chine : tumblr, blogspot, wordpress, medium.com... Mes lectures matinales de blogues semblent devoir attendre quelques jours! Mais j'ai fini par « allumer », et je me suis fait un réseau privé virtuel avec UdeS ce qui m'a permis d'avoir accès à mes infos de manière plus normale. Merci à mon équipe technique là-bas, je vous en dois une!
J'ai réussi à régler les irritants financiers avec la banque et à régulariser la situation de ma chambre. J'ai aussi profité du petit déjeuner qui est inclus dans le prix. C'est un format buffet, mais avec beaucoup de trucs inhabituels pour moi, donc je vais expérimenter. Ce matin, mon assiette comprenait beaucoup de légumes épicés, des nouilles, quelques fruits (papaye, pithaya), des oeufs frits (petites omelettes rondes), et un truc amusant : un oeuf cuit dur dans le thé, encore dans sa coquille. C'était léger comme teinte de goût, mais intéressant. Je ne voyais pas de café, alors j'ai demandé à quelqu'un s'il y en avait. On m'a demandé si je voulais du « French Coffee », j'ai dit oui et on m'a fait un allongé tout à fait correct.
J'ai marché vers UbiShangai et j'ai pris quelques photos pour celles et ceux qui m'en ont demandé. Je ne suis vraiment, mais vraiment pas un photographe, alors soyez tolérantes et tolérants avec moi. Un truc que je n'ai pas photographié, mais qui en aurait valu la peine, c'était un amoncellement de vélos qui attendent sur un feu rouge. Il y a des tonnes de vélos, et sur un feu rouge in peut y en avoir facilement plus de 50 qui attendent en même temps, mais je ne voulais pas que les gens sentent que je ne les respecte pas alors je me suis abstenu.
Quelques cyclistes
Chez UbiShangai, j'ai fini de traduire mes diapos (je suis arrivé d'avance exprès). On m'a offert une tasse de UbiShangai pour mon café (Vayda, si tu lis ceci, sache que je compte te la ramener pour ton jus d'orange matinal; j'ai demandé la permission, faut juste que je ne la casse pas d'ici là, maladroit que je suis). Pour celles et ceux qui se posent la question : UbiShangai, c'est environ 470 employé(e)s dont 70 programmeuses et programmeurs. C'est quand même pas mal.
La formation commence tard selon mes standards (10 h, avec une pause dîner de 12 h à 13 h 30, puis on finit vers 17 h 30). J'ai donné mon show; c'est un groupe très gentil mais plutôt discret, comme on me l'avait décrit. Le niveau sonore quand je lève le ton a surpris une des participantes (je vais en prendre soin, je pense que je lui ai fait peur!). Les gens prennent des notes et semblent apprécier.
On m'a commandé un repas mais il tarde à arriver (à 13 h, il n'est pas encore là), mais on a des litchees frais (mioum!) et ils sont de saison alors ça fait patienter. Le repas arrive vers 13 h alors on mange rapidement, mais c'est bon (j'ai une salade au boeuf thaï avec oignons, coriandre, menthe et une vinaigrette piquante aux agrumes, de même que des pâtes aux champignons malheureusement un peu froides; la salade est meilleure que les pâtes, mais ça reste correct). Il y a plusieurs français ici, et ça parle parfois en français dans de petits groupes (dans les participants à ma formation, personne ne parle français aujourd'hui), mais ce qui est drôle, c'est que tout le monde parle des frasques de Donald Trump au G7 et du comportement (louable, faut leur donner) des représentant(e)s du gouvernement canadien.
L'après-midi se passe aussi bien; comme c'est souvent le cas dans ces formations très intenses, tout le monde est fatigué à la fin de la journée, mais j'ai réussi à finir sur un punch pas mal du tout alors les gens quittent de bonne humeur. Je suis fatigué, mais je prends une pomme et un petit morceau de chocolat (gracieuseté de mes hôtes) et je marche jusqu'à l'hôtel où je fais une courte sieste. Vers 19 h 30, la faim me réveille un peu, alors je prends une petite marche. Il y a plusieurs restos dans la région immédiate, mais je n'en trouve aucun qui accepte Visa. À retenir, si je repasse ici dans le futur : il faut que je me traîne du comptant. Pas grave pour ce soir, j'ai quand même des réserves.
Quelques images saisies aujourd'hui (ou demain), désolé pour la qualité des photos :
Arbres peints dans le bas. Dans la rue, ils sont tous comme ça. La peinture arrête à la hauteur des vélos, et il y a des vélos partout sur ces arbres, alors je suspecte qu'il y ait un lien.
Un bâtiment typique du coin où j'habite.
Ce qui tient lieu de cônes oranges à Shangai
Mon hôtel. Je loge au 16e étage
Le panneau du stationnement m'a semblé exotique pour des yeux nord-américains, alors voilà
Le panneau dit Transportation Guide, mais je ne vois que du texte, pas de rues. Est-ce de l'usure ou est-ce juste moi qui ne comprend rien? Les deux sont possibles
Me reste à corriger quelques fautes repérées ici et là sur les diapos, puis c'est l'heure du dodo...
J'ai fait une bonne nuit cette fois (j'étais vraiment très fatigué) et je me suis réveillé vers 7 h du matin. J'ai eu le plaisir de parler à Za (ma belle), Vayda, Ludo, Marguerite et son amoureux Gabriel (ça fait une bonne partie de ma troupe habituelle) qui passaient du temps ensemble chez moi... à 19 h. Nous avons bavardé un peu puis je suis allé prendre ma douche (fait chaud ici, les douches comptent!)
J'ai fait quelque chose que je ne fais pas habituellement, soit prendre une photo de mon déjeuner. Je me suis pris une bonne assiette, ne sachant pas si je souperais (ma carte Visa est d'une utilité très limitée ici). Ça vous donnera une idée
L'oeuf foncé au centre est cuit dans le thé. C'est un truc particulier mais accessible (le goût est doux). À droite en bas, on voit quelques tranches de daikon avec un peu de pâte de sésame. L'espèce de muffin brun évoque un muffin à la mélasse, mais légèrement salé. Le truc qui ressemble à un dumpling en bas à gauche est en fait de la pâte, tout comme l'espèce de guimauve en haut à gauche (les deux sont, je dirais, légèrement salés). Vers le centre, vous voyez une petite pomme de terre bouillie, de même que des nouilles (c'est bon, ça). Au centre à gauche, vous voyez un pudding au pain et au beurre (salé), placé sur un gâteau de riz frit (la texture est plaisante). Complètement en haut, une petite saucisse déjeuner (une weisswurt, pas grasse du tout) et à droite, quelques pithayas. Tout ça est plutôt accessible. Dessous, il y a des légumes (qui sont très bons; des froids et des chauds) et quelques espèces de marinades, certaines surprenantes. En particulier, des cubes de fèves fermentées... c'est diablement salé!
J'essaie des trucs le matin, c'est agréable. Ensuite, je suis allé vers UbiShangai, et j'ai pris quelques photos au passage :j'ai remplacé deux ou trois photos d'hier par des plus claires, si vous êtes curieuses ou curieux, et en voici une autre qui vous donne une idée du trafic du matin :
Le trafic au coin de la rue où se situe mon hôtel
Peu à dire sur la journée car j'ai surtout enseigné. C'était jour de fête à UbiShangai, car la veille il y avait le gros show E3 à Montréal où la compagnie lançait ses nouveaux jeux : on trouvait des chapeaux de fête, des grignotines, de l'ovaltine, des jus... La classe était toutefois archi pleine : après les dix ou douze participant(e)s d'hier, j'en avais tout près de 50 aujourd'hui, alors la salle était vraiment pleine. Je pense que les gens ont apprécié, cela dit. J'avais deux participants d'un autre studio d'Ubisoft en chine (tous deux très gentils), et deux étudiants brillants d'une université de la région (mais c'était trop avancé pour eux comme cours).
Sur l'heure du dîner, j'ai peu manger de la bouffe chinoise : il y avait des crevettes, du poisson, des champignons, des sauces piquantes, du riz, des trucs sucrés (que je n'ai pas goûté, car je devais retourner en classe)... C'était délicieux, mais il faisait très chaud et on mangeait à l'extérieur alors je me suis limité à un bol.
J'ai réussi à finir mon cours à peu près au même endroit que la veille (ça va simplifier ma vie pour les deux prochains jours), puis j'ai pris quelques questions et je suis retourné à l'hôtel. Cette fois, j'ai pensé prendre un sandwich (très ordinaire : avocat, tomate, salami piquant, pain sucré... mais ça a fait le travail) au lobby de l'hôtel, qui accepte Visa, et je suis allé un peu travailler à ma chambre avant de m'écrouler de fatigue.
Je me suis réveillé durant la nuit et j'ai corrigé l'essai (pressant) d'un de mes étudiants à la maîtrise (essai qui, je pense, est maintenant complété hormis des détails cosmétiques normaux, et sera bon). J'ai eu de la difficulté à me rendormir par la suite, alors ce fut une courte nuit en deux parties finalement.
Ce matin, après une douche (nécessaire; fait chaud ici et mon corps prend plus ou moins bien la chaleur, règle générale) et un café, je suis allé prendre mon petit déjeuner à l'hôtel (c'est une expérience intéressante à chaque fois), puis j'ai marché vers UbiShangai en prenant des photos plus spécifiquement pour ceux et celles qui aiment la végétation.
Les arbres dans la rue sur mon chemin
Quelques bosquets fleuris à côté de mon hôtel
On publicise le « C++ 11 Training Week » sur des panneaux lumineux ici, avec mon nom et celui de l'Université de Sherbrooke. C'est amusant.
Mon cours du matin s'est bien passé. C'est de la belle matière, faut dire, et malgré le niveau de difficulté, certains m'ont dit qu'ils avaient mieux compris qu'hier (ça peut être parce que c'était plus près de leurs habitudes... ou parce qu'ils s'habituent à mon style). Les deux étudiants d'hier sont revenus aujourd'hui (mais doivent quitter pour l'après-midi, ayant des examens; ils vont manquer des trucs sympathiques). L'un d'eux est allé dans une école française ici en Chine, et m'a adressé la parole dans un excellent français (bravo!).
Les deux participants qui viennent d'un autre site d'Ubisoft en Chine sont toujours les premiers arrivés et posent beaucoup de questions, c'est sympathique. Ils ont voulu prendre une photo avec moi sur l'heure du dîner, alors ce fut fait. Ils voulaient aussi aller visiter la ville avec moi le soir, mais j'ai dû décliner (retouches à faire dans les diapos, qui en sont à leur première incarnation anglaise – en pratique, j'en ai eu jusqu'à tard en soirée) et, bêtement, ma carte de crédit ne fonctionne généralement pas ici, alors ce que je peux faire est extrêmement limité. Ils sont gentils, cependant, et m'ont dit souhaiter que j'aille visiter leur studio à Chengdu (j'espère l'avoir bien écrit) éventuellement. Je les mettrai en contact avec le patron si ça se concrétise (allo patron!).
L'après-midi fut chargé mais s'est bien passé, selon moi. En fin de parcours, tout le monde était fatigué, mais ça participait un peu plus que lundi. En fin de séance, Zhang Wei m'a offert de me montrer Shangai demain soir, après la formation, avec son mari. Le faire après la formation me convient plus que le faire ce soir (c'est très car les amis de Chengdu sont extrêmement sympathiques, mais le moment ne me permettait pas de bien faire mon travail), alors je vais probablement accepter.
Je suis parti d'UbiShangai avec un sac de fruits frais (il restait des lychees et des pommes), que j'ai grignotés en soirée. J'ai encore eu une nuit compliquée : épuisé vers 18 h, réveillé vers 20 h, travail jusqu'à minuit ou un peu moins (j'ai ajouté une vingtaine de diapos aux versions française et anglaise de mon matériel; ça arrive souvent que j'aie des idées lors de ces formations, étant donné les questions que j'entends), puis ma nuit fut bizarre et je me suis réveillé vers 4 h 30.
Une fois réveillé (vers 4 h 30 du matin, donc), j'ai retourné mes courriels (c'est la fin de l'après-midi à la maison; les courriels s'empilent alors que c'est la nuit pour moi ici), travaillé un peu et j'ai profité du temps à ma disposition pour me raser (les barbes sont peu fréquentes ici, et je ne veux pas rendre les gens inconfortables).
Mon déjeuner était encore une fois fort intéressant. Il y avait entre autres des cornichons marinés, mais alors que chez nous la combinaison classique est vinaigre, aneth et ail, ici ça semble être moutarde ou vinaigre et soya (c'est intéressant, ça donne un petit goût fermenté pas vilain), de nouvelles sortes de nouilles de riz, de légumes et des dumplings avec de nouvelles garnitures (chaque fois, c'est une surprise). Parlant de nourriture, j'ai oublié de mentionner hier que le dîner était fait de divers trucs qu'on se partageait, incluant des burgers de boeuf à assembler. La sauce proposée était un peu sucrée (les amatrices et les amateurs de Big Macs ne se seraient pas senti(e)s perdu(e)s), et il y avait un peu de fromage (j'en ai mangé très peu ici, mais c'est pas grave), mais surtout une combinaison laitue-tomate... betterave. C'était intéressant comme goût dans un burger, d'ailleurs : on ne parle pas de betterave marinée, mais bien de betterave simplement bouillie, tranchée relativement mince (un peu comme une tranche de tomate), ce qui donnaît un goût sucré mais doux, qui se mêlait bien à celui de la viande.
En marchant vers UbiShangai, j'ai croisé une fille sur une trotinette motorisée. Il y a des tonnes de vélos et de scooters ici, et un des sons les plus communs dans la rue est le ding! ding! d'un vélo qui avertit un piéton qu'il arrive vers lui. Ça m'a fait penser que vous aimeriez peut-être voir de quoi a l'air la rue devant UbiShangai.
Ce qu'on voit en arrivant devant UbiShangai
Je me servais un café quand un employé français est venu me voir pour me demander ce qui se passait dans ma salle de classe; il a entendu des bruits soudains hier pendant la journée, des exclamations et des trucs qu'il ne comprenait pas. Je lui ai dit que c'était un cours de programmation. Il a semblé amusé.
Truc dont je ne pense pas avoir parlé encore : les toilettes. Brièvement : la tradition en Chine est celle des toilettes où l'on s'accroupit (un trou au sol), contrairement à la tradition occidentale où l'on s'asseoit sur une sorte de chaise d'aisance. À mon hôtel, c'est le modèle occidental qui prévaut. Chez UbiShangai, il y a les deux (modèle chinois d'un côté, modèle occidental de l'autre) pour accommoder les deux profils culturels. Je dois vous avouer qu'avec mon équilibre légendaire, c'est l'une des particularités locales auxquelles je ne me suis pas encore risqué.
Un bon cours ce matin. La classe du deuxième groupe est plus pleine que celle du premier, et cela accroît les interactions (ce qui sied à mon style d'enseignement; je n'ai jamais vraiment bien cadré dans un rôle de Lecturer à l'anglaise). On va un peu plus vite (quelques minutes) aussi dans le deuxième groupe, mais je ne sais pas pourquoi. Pas grave, on va manquer de temps de toute manière en après-midi, c'est un classique. La deuxième moitié de la matière de cette formation comprend quelques gros, gros morceaux conceptuels et les gens voient ce que ça va leur apporter, ce qui amène une bonne ambiance.
Pendant l'heure du dîner (où nous avons encore mangé à la chinoise, et c'était délicieux), Zhang Wei m'a apporté un sac contenant des cadeaux de remerciement pour la formation (ça semble apprécié, je suis content!) : un tee shirt d'un de leurs plus récents jeux, et du thé (que je vais partager avec mon amoureuse Za à mon retour!). C'est très gentil.
La formation de l'après-midi se passe bien. Comme c'est souvent le cas, rendu à la fin, tout le monde est fatigué (moi y compris), mais les gens semblent contents quand même. Je bavarde un peu avec certains participants, puis Zhang Wei m'amène rencontrer la directrics des ressources humaines qui semble ravie (cool!) et avec laquelle je parle un peu. On me reconduit à la porte et je vois cette murale, que j'ai photographiée en me disant que mes enfants (en particulier Vayda, une fan d'Ubisoft) aimerojt peut-être. C'est un chien, mais faut pas oublier qu'UbiShangai est spécialisée dans le comportement animal dans les jeux.
Murale (chien), qui a gagné un concours. Ma photo n'est pas très bonne, mais c'est assez saisissant en personne
Je vais ensuite me rafraîchir brièvement à ma chambre (fait chaud, et enseigner, c'est physique!), puis Zhang Wei et son mari (dont le nom m'échappe, tristement, mais qui était vraiment très gentil) sont venus me cueillir à l'hôtel et m'ont un peu montré la ville.
J'ai passé une très belle soirée, et j'ai appris beaucoup. En rafale :
Conduire à Shangai est très délicat. Des systèmes électroniques (caméras, capteurs, photoradars et autres) détectent les comportements délinquants... mais ça peut être aussi simple que de ne pas avoir la bonne plaque pour circuler dans une rue particulière ou dans une voie spécifique d'une autoroute à une certaine heure de la journée. Pour réduire la pollution, en effet, l'accès à une rue ou à une voie d'une rue est parfois interdite à celles et ceux qui ont une plaque minéralogique de telle ou telle région, et les capteurs surveillent cela.
La limite de vitesse est à 80 km/h et les pénalités pour la dépasser sont sévères. Changer de voie sur une ligne continue coûte cher aussi. Truc amusant : les plaques des contrevenants sont lues et les numéros sont affichés sur des panneaux lumineux, visibles publiquement par tous sur la route. Cela dit, si je reviens ici, je ne conduirai pas; le code de la route est différent du nôtre à bien des égards, il y a énormément de cyclistes et de scooters imprudents (on me dit qu'il y a beaucoup d'accidents), et les conséquences d'une erreur sont trop graves
La tolérance à l'alcool est nulle quand on conduit. Un verre et c'est la prison. Quand on a bavardé au souper, le concept d'un taux d'alcool maximal dans le sang a semblé très novateur à mes hôtes
Il y a du trafic même la nuit à Shangai. Il y a pas mal de monde ici
Une colonne de métal (du bronze?) sur laquelle s'enroulent des dragons a un sens très particulier sur l'autoroute où nous avons circulé. Zhang Wei m'a raconté l'histoire ce cette colonne (unique; c'est la seule du genre dans la ville) en me disant qu'il s'agit d'une histoire vraie mais je n'ai pas bien saisi toutes les subtilités. Il y a une forme de vénération autour de l'endroit, même si c'est une colonne qui soutient une structure de béton sur laquelle roulent des voitures
Nous sommes allés manger dans un restaurant d'un centre commercial tout neuf (sorte de très gros Carrefour Laval sur plusieurs étages, qui brille le neuf), et ce fut une expérience à bien des égards.
Tout d'abord, beaucoup de trucs sont tout neufs à Shangai; on me dit qu'il y a trente ans à peine, une bonne partie de la ville était agricole. Maintenant, c'est complètement différent, évidemment. Certains des gratte-ciels (très hauts!) ont été érigés en moins de deux ans. Ça a dû faire travailler pas mal de monde (c'est un truc qui m'a frappé ici d'ailleurs : je ne sais pas si tout le monde est fier de son emploi, mais il y a beaucoup de personnes qui occupent des fonctions pour lesquelles en amérique du Nord, on aurait essayé d'utiliser des machines).
Ensuite, le stationnement était en soi une expérience (les choix de couleurs; la manière de conduire; les codes pour savoir ou marcher; la façon d'être des gens que l'on croise – j'étais très content d'être accompagné par des gens de la place – etc.). Truc sympa : il est possible de laisser sa voiture à des gens qui en assureront l'entretien dans le stationnement pendant que l'on se promène au centre commercial.
Une fois stationnés, fallait se rendre dans le centre commercial à partir du stationnement (intérieur), mais c'était pas évident (même pour mes hôtes). On s'est ramassés dans un ascenseur de marchandise un peu miteux, à chercher notre chemin et à demander de l'aide dans les coulisses du centre commercial, jusqu'à ce que nous arrivions dans l'enceinte-même où on passait de l'arrière-scène béton au clinquant du commercial neuf et chic. C'était assez radical.
Mes hôtes m'ont amené dans un resto très correct. Comme c'est souvent la pratique ici, on a commandé plusieurs plats que nous nous sommes séparés. Le menu était grand (en surface), sur plusieurs pages, avec des présentations spectaculaires (surtout pour les pièces de viande et de poisson). Nous avons commandé en entrée des tranches d'un truc à base de fèves, croustillant (un peu comme certains poissons plus rigides que l'on peut manger dans certains restos de sushi, le mactre par exemple) et assaisonné gingembre et soya (une combinaison de goûts présente ici), ce qui était bon mais très particulier comme texture. Il se fait beaucoup de trucs à base de fèves ici, incluant des nouilles. Ensuite, nous avons partagé un très grand plat de poisson blanc pimenté dans un bouillon rouge très riche (mioum!), un plat de boeuf en petits cubes accompagné de légumes (plus conventionnel pour moi, mais très bon aussi; la texture de ce qui me semblait être des cubes de champignons fondants était particulièrement réussie, et l'ail séché était succulent), un plat de nouilles au boeuf (aussi plus près de ce que je cuisinerais à la maison, mais très réussi), des dumplings au porc (mioum! Ça, des dumplings, il y en a partout ici, et c'est une surprise chaque fois côté goût) et des espèce de petites pâtisseries ressemblant à des baklavas mais sans le miel le très sucré, farcies au durian (délicieux; je sais que plusieurs n'aiment pas l'odeur, mais moi j'ai beaucoup aimé). Un thé rouge (délicieux) accompagnait tout ça et était tout à fait à propos. Nous avons bavardé de la vie, des enfants (ils en ont un qui entre à l'école bientôt), de la vie (d'où ils viennent, du boulot, de la vie à Shangai, de la vie avec les parents – la cohabitation tient beaucoup au coût de la vie et des loyers, même dans un petit espace), etc. Vraiment, un repas très agréable et en excellente compagnie. J'espère pouvoir les accueillir au Québec un jour et leur rendre la pareille, mais en cuisinant pour eux
Ils m'ont ensuite amené au centre-ville pour aller au bord de l'eau. Le centre ville est spectaculaire.
Une tour dont les fenêtres sont en fait des écrans à cristaux liquides. Il y en a plusieurs comme ça
Tour qui contient un restaurant, un peu comme la tour du CN à Toronto
Tour la plus haute de Shangai. Ma photo ne lui rend pas justice : c'est immense et spectaculaire
Ça doit coûter une fortune. Qui y a enseigne? Des banques, évidemment; Louis Vutton; Disney; ...L'architecture est très saisissante, et c'est beau, pas grossier. Je crois comprendre que plusieurs architectes internationaux se sont faits plaisir ici, et ça vaut le détour. Par contre, on me dit que c'est si cher que les gens qui occupent les lieux coupent ailleurs, par exemple sur les vêtements, ce qui donne parfois des effets un peu particuliers.
Il y a une rivière qui sépare la ville en deux et c'est là que nous sommes allés marcher un peu. J'ai vu des restaurants Haagen Dazs (Za, si on vient ensemble un jour, on ira essayer ça) sur le bord de la rivière. Le vent et l'endroit, prendre un peu d'air... ce fut fort agréable. J'ai essayé de prendre des photos, mais bon, c'est moi alors ça vaut ce que ça vaut :
Coup d'oeil aux abords de la rivière (un de cinq)
Coup d'oeil aux abords de la rivière (deux de cinq)
Coup d'oeil aux abords de la rivière (trois de cinq)
Coup d'oeil aux abords de la rivière (quatre de cinq)
Coup d'oeil aux abords de la rivière (cinq de cinq)
On me dit qu'à minuit, les lumières des bâtiments à proximité s'éteignent, de gauche à droite, pour économiser l'énergie. C'est un peu spectaculaire, alors il y a des gens qui vont au bord de l'eau juste pour ça. Nous avons vu quelques bateaux illuminés sur la rivière, mais on me dit que c'est plus un truc de touristes.
Après avoir marché un peu, mes hôtes m'ont reconduit à l'hôtel. Il était 23 h environ. Une très, très belle soirée, avec deux personnes charmantes, sympathiques et manifestement très amoureuses l'une de l'autre (sérieusement, c'était beau de voir leur complicité).
Journée radicalement différente aujourd'hui : repos, correction (j'ai des étudiant(e)s à qui j'avais accordé des délais de livraison pour des travaux qui manquaient de fini et dont je devais traiter les dossiers pour changer leur note au bulletin, dans le but de leur permettre d'obtenir leur diplôme), préparation de solutionnaires pour des exercices donnés à mes deux groupes cette semaine, etc. Je suis, physiquement, très fatigué alors je fais plusieurs siestes. Ma famille me manque, mon amoureuse en particulier, même si je fais un beau voyage et si j'ai été très bien traité toute la semaine durant.
Je me suis permis un souper avec un verre de vin à l'hôtel, car le restaurant y prend Visa. J'étais seul dans le resto vers 18 h, mais les gens ont commencé à arriver graduellement peu après moi. Il y avait un bar à salade (en partie occidentalisé, mais quand même avec une touche locale) et j'ai pris l'un des plats chinois sur la carte (des nouilles au boeufs, avec des bébés bok choï), ce qui a ravi mon serveur (les chinois aiment leur pays avec passion, et ça leur fait visiblement plaisir quand on leur dit qu'on apprécie qui ils sont et ce qu'ils font), avec mon écart de conduite de la semaine : un verre de vin (car ce fut une semaine de café et d'eau minérale pour le reste, outre une bière très douce avec mes hôtes hier soir).
Je manque deux événements cette semaine, car c'est aussi la graduation de garderie (oui!) de mon plus jeune, Ludo, et c'est aussi la graduation de ma belle et grande Amandine, qui termine (rayonnante!) ses études secondaires. Heureusement, Za est allée à la graduation de garderie de Ludo, et a filmé les prestations musicales pour moi, ce qui m'a permis de regarder le tout par Skype. J'ai pas tout manqué. Merci mon amour.
Après beaucoup de corrections (dont un nouvel essai; ceux-là sont toujours plus longs à traiter, n'ayant pas encore eu de rétroaction, alors ça m'a pris plusieurs heures pour une dizaine de pages), il est une heure du matin et faut commencer à penser à dormir un peu...
C'est l'heure de faire les bagages pour retourner à la maison. Petit matin tout simple : douche, rasage, déjeuner (c'est une chose qui va être radicalement différente demain!)... Je me disais ce matin à quel point il est plus agréable de manger en parlant avec des gens qu'on aime. Ici, j'ai dîné entre amis, mais mes déjeuner (et mes soupers, moins mémorables) se prenaient seuls. Ma famille me manque...
D'ailleurs, ma belle m'a fait le plaisir d'une petite vidéoconversation avec elle, mon garçon Ludo, et son amie et collègue Manu. Ça fait toujours du bien.
J'ai passé le reste du matin à travailler sur mon matériel de cours pour cette semaine (j'enseigne mardi, mercredi et jeudi en entreprise), et à examiner les règles de formatage pour un article qui appuiera ma thèse de doctorat.
Ce fut un voyage fort intéressant.